Melancholia
Le photographe Assaf Shoshan a souvent montré comment le paysage sait désorienter les trajectoires humaines. L’architecte Simon de Dreuille observe la nature au regard des nouveaux rapports de force qu’elle entretient avec l’architecture globalisée.
Pensionnaires en 2013-2014 de l’Académie de France à Rome, ils construisent une vision commune lors de leurs promenades dans les jardins de la Villa Médicis. Ils relèvent dans ces jardins une forme de mélancolie de la matière, dans l’érosion des collections d’antiques soumise à l’éclosion saccadée du printemps romain. Ils y voient le reflet de névroses liées à la difficulté de se situer vis à vis de la nature ; les mêmes névroses qui ont traversé le temps – des métamorphose d’Ovide au malaise écologique d’aujourd’hui.
Dans cette série de photographies, Assaf Soshan et Simon de Dreuille jouent des correspondances entre les êtres organiques et pétrifiés qui peuplent les allées des jardins. La nature n’y est pas seulement un écran de projection des états d’âmes. La nature y est une règle du jeu qui sait réellement produire des passages, des frontières, de la beauté, de l’inquiétude, du confort ou des gouffres.