Récits d’un territoire, par Gil Pasternak

 

Trois familles prennent la pose devant l’objectif. Leurs portraits font partie d’une plus large série de photographies prises en Israël et dans les territoires occupés. Cette série, intitulée Territoires de l’attente par le photographe Assaf Shoshan, s’ouvre sur l’image d’une forteresse militaire abandonnée construite pendant le mandat britannique en Palestine (1923-1948). Les fleurs floues au premier plan, associées au paysage pastoral montagneux qui s’étend à l’infini, donnent à cette photographie l’aspect d’une carte postale qui aurait perdu  de son intelligibilité.

L’image suivante ouvre une autre sous-série constituée de sept photographies. Elle met le spectateur face à des épaves d’équipements militaires, éparpillées à travers des terrains d’exercice militaire en Israël. Intitulée Playground, cet ensemble donne la tonalité contextuelle des images suivantes qui montrent toutes des paysages construits par la main de l’homme associés aux conditions de vie précaires provoquées par les interventions passées et présentes des forces armées, principalement les Forces de Défense Israéliennes (IDF) : maisons palestiniennes du village d’Umm esh- Shaqaf abandonnées pendant le conflit israélo-arabe en 1948 ; constructions militaires jordaniennes à Kalya, en Cisjordanie, prises par Israël pendant la guerre de 1967 ; villages bédouins improvisés établis pour répondre aux exigences du gouvernement israélien  qui leur ordonne d’abandonner leur mode de vie nomade afin de faciliter leur subordination aux lois israéliennes.

Ces sites sont liés au récit historique et idéologique créé par l’Etat israélien au sujet de sa création, des guerres menées contre les pays voisins et du traitement réservé aux résidents arabes qui sont restés après la fondation de l’Etat d’Israël en 1948. Shoshan photographie tous ces lieux avec la même attention clinique, comme s’il dressait un inventaire archéologique dépourvu de toute signification personnelle. En les isolant du reste des territoires actuellement occupés par l’Etat israélien, Shoshan les appréhende comme des lieux qui nécessiteraient une attention particulière, une investigation et une plus grande transparence, questionnant ainsi les politiques et attitudes israéliennes vis à vis de ses habitants non juifs.

Des questions similaires à propos de la politique en Israël ont été soulevées par des intellectuels israéliens à la fin des années 1970 lorsque les archives du gouvernement ont été ouvertes au public [1]. Pour la première fois dans l’histoire du pays, des citoyens étaient en mesure d’examiner des documents confidentiels au sujet des derniers jours du mandat britannique en Palestine, du conflit israélo-arabe de 1948 qui suivit le départ des Britanniques ainsi que les documents échangés entre les leaders sionistes en Palestine, les groupes militaires juifs et les hauts commandants de l’embryonnaire IDF [2]. De nombreuses études basées sur ces archives ont été publiées entre les années 1980 et 1990, contredisant le récit historique innocent diffusé par l’Etat israélien depuis sa création en ce qui concerne son programme politique et l’attitude des dirigeants sionistes envers la population arabe [3]locale.

Le « post-sionisme » israélien ou les « nouveaux historiens » des années 1980 ont défié et démythifié les grands principes du récit fondateur israélien [4]. Un certain nombre de ces nouveaux historiens ont affirmé, par exemple,  qu’après la guerre de 1939-45, les sionistes ont rejeté les compromis politiques et territoriaux qui auraient pu mener à des accords de paix au Moyen Orient, comme l’on fait leurs successeurs israéliens à la fin des années 1940 et au début des années 1950 [5].

La problématique des réfugiés palestiniens a également été réexaminée. Avant l’émergence d’une nouvelle histoire israélienne, l’État affirmait avec assurance que les Palestiniens, encouragés par leurs leaders arabes, avaient choisi librement de quitter leurs maisons. Les nouveaux historiens, eux, soutiennent une toute autre idée : les Palestiniens ont fui les batailles de 1948 parce qu’ils étaient terrorisés par la cruelle réputation de la jeune armée israélienne et qu’ils craignaient pour leurs vies [6]. Certains historiens ont produits des preuves détaillées des massacres de Palestiniens par des soldats israéliens. Ils montrent que même si les dirigeants sionistes n ‘ont jamais officiellement donné l’ordre aux soldats d’expulser les Palestiniens, la plupart d’entre eux ont été chassés à l’initiative individuelle de commandants israéliens [7].  D’autres historiens ont démontré que le projet sioniste était fondamentalement colonialiste [8]. D’après leurs investigations, les principaux objectifs étaient la conquête du territoire, la démarcation des terrains achetés en tant que territoire national et l’interdiction pour le peuple palestinien de cultiver sa terre. Les Palestiniens étaient ainsi privés des ressources nécessaires à leur survie, dans le but de les inciter à quitter le pays.

Ces nouvelles recherches historiques ont été inspirées par les récentes études principalement européennes sur le nationalisme, l’État-nation, le post-colonialisme, l’identité collective et la formation de l’identité, développées par des auteurs comme Benedict Anderson, Ernest Gellner, Eric Hobsbawn et Edward Said [9]. Pourtant, les années 1970 et 1980 ont également vu l’émergence d’une approche critique des politiques de droite du gouvernement israélien de l’époque. On peut supposer que c’était la conséquence de ce qui a alors été considéré comme inutile par la masse critique israélienne : l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza depuis 1967 et l’implication de l’armée israélienne (IDF) dans une guerre du Liban en 1982 [10]qui aurait pu être évitée. Notamment à cause des grands mouvements de manifestation de citoyens israéliens contre le gouvernement et ses opérations militaires au Liban, les médias du pays à cette époque ont contribuer à légitimer un climat critique envers l’état en général [11].  La critique a même été renforcée pendant la première Intifada en 1987 quand de nombreux Juifs israéliens ont commencé à s’inquiéter de ce qu’ils percevaient comme l’oppression de civils par l’armée israélienne [12]. C’est dans ce contexte intellectuel, social et culturel que de nouvelles manières de percevoir l’histoire et l’historiographie du projet sioniste et de l’Etat israélien ont émergé. D’une manière générale, les Israéliens ont considéré ces nouvelles approches critiques du récit national officiel comme sujet à controverse et de nombreux livres ont été publiés pour les contester [13].

Plus important encore, de telles recherches critiques ont été marginalisées par une tendance générale qui invitait à s’unir derrière l’État juste après le début de la seconde Intifada en 2000, de la guerre au Liban en 2006, du conflit à Gaza en 2008-2009. De nombreux Israéliens  ont eu le sentiment que ces événements constituaient de nouvelles menaces quant à l’existence même du pays. Les analyses de l’histoire israélienne et son historiographie, les idéologies contradictoires qui prédominent dans les différentes sphères de la société et la relation des Israéliens à l’Etat et ses institutions ont alors perdu de leur force [14].

On peut supposer qu’en choisissant d’ouvrir avec l’image « carte-postale » mentionnée précédemment qui évoque la période qui a préparé le fondement de l’Etat israélien, Shoshan souhaite reconsidérer dans Territoires de l’attente le bref espace critique ouvert par les nouveaux historiens. En examinant à la fois des lieux historiques et contemporains, ses photographies constituent une vue d’ensemble représentative du paysage politique actuel en Israël. Shoshan présente principalement des constructions qui ont abrité des familles palestiniennes, des soldats jordaniens ou qui sont toujours utilisées comme abri de fortune par les Bédouins. Parce qu’il choisit de les isoler de tout repère identifiable en Israël, il devient impossible d’identifier leur provenance. Dissociant ces sites du grand récit fondateur israélien, l’observateur de ces photographies est alors amené à imaginer les conditions de vie passées et présentes de leurs occupants, leurs expériences, et ce qu’ils ont pu advenir.

Dans Territoire de l’attente, la préoccupation fondamentale concerne la situation des habitants non-juifs. Les trois portraits de famille renforcent cette idée. Ce sont les seules images où l’on rencontre une présence humaine directe : elles montrent des demandeurs d’asile soudanais qui ont fui leur pays à cause de la Seconde Guerre civile soudanaise (1983 et 2005) et du conflit au Darfour en 2003 qui n’est toujours pas entièrement résolu.  La vaste majorité des demandeurs d’asile soudanais qui ont fait le voyage jusqu’en Israël à ce jour se sont vu d’abord refuser le statut de réfugiés en Egypte. Pensant qu’Israël serait plus généreux et plus riche que les pays avoisinants, les demandeurs d’asile – dont la plupart sont conscients des bonnes relations entre Israël et de nombreux pays occidentaux – supposent que l’État israélien sera à même de leur offrir un refuge et une aide financière pour gagner l’Europe et commencer une nouvelle vie.

En fait, Israël n’a accordé le statut de réfugié qu’à 650 des 60 000 demandeurs d’asile africains, dont les Soudanais qui ont illégalement traversé la frontière en Egypte entre 2005 et 2011 [15]. En entrant en Israël, la plupart des demandeurs d’asile soudanais sont arrêtés par l’IDF ou la police des frontières. Les hommes soudanais se retrouvent souvent dans les prisons israéliennes tandis que les femmes et les enfants sont généralement placés dans des camps militaires avant qu’une alternative ne soit trouvée pour les héberger [16].  La police israélienne ne considère pas les demandeurs d’asile comme des criminels, l’IDF ne les perçoit pas non plus comme une menace pour la sécurité de l’Etat. En conséquence, ils sont placés sous l’autorité de la police de l’immigration israélienne qui les envoie depuis 2007 dans l’extrême sud d’Israël, au Kibbutz Eilot, près de la frontière égyptienne.

Dans la continuité de son travail sur les populations nomades et déplacées [17], Shoshan a souhaité rencontrer ces demandeurs d’asile soudanais. Équipé d’un appareil moyen format et d’un Polaroid, il leur a rendu visite au Kibbutz Eilot en 2010. Dans un premier temps, il a simplement voulu les interroger sur leurs parcours et envisager la possibilité de les inclure dans un projet photographique ultérieur. Pendant sa visite, Shoshan a pris un certain nombre de Polaroid des Soudanais dans le but de faire leur connaissance et d’initier un dialogue. Il a commencé par faire des portraits individuels. Sa présence et son attention ont intrigué un nombre croissant de réfugiés qui lui ont  alors demandé de faire leurs portraits. Réalisant que la plupart des demandeurs d’asile s’étaient mariés et avaient fondé une famille, et tout en gardant à l’esprit le nombre limité de films Polaroid qu’il avait à sa disposition ce jour-là, Shoshan a suggéré de rassembler femmes et enfants devant son objectif. Les laissant poser librement, il a petit à petit commencé à utiliser son appareil moyen format pour son propre travail.

Environ un an plus tard, Shoshan a regardé les photos de famille prises pendant sa visite au Kibbutz Eilot. Il a décidé de les inclure dans Territoires de l’attentes sous le titre « Demandeurs d’asile », pensant qu’elles constituaient un autre chapitre dans l’histoire des populations nomades et déplacées de la région [18]. Si, comme développé plus tôt, les images des terrains d’entrainement militaires nous permettent d’identifier le sujet même de l’œuvre de Shoshan, les portraits de famille nous aident à percevoir l’impact des pouvoirs politiques sur des destinées individuelles.

Il est intéressant de noter que depuis la fin du dix-neuvième siècle, la famille nucléaire a souvent été considérée comme une organisation sociale dont l’obéissance à l’État-nation maintient la hiérarchie sociale existante et donc le règne de l’Etat-nation moderne [19]. En fin de compte, l’institution de la famille peut être définie comme une construction normative qui oblige les individus à accepter leur soumission aux pouvoirs politiques et sociaux dominants. Une construction qui transmet l’idéologie de l’Etat-nation aux futures générations et ses valeurs en ce qui concerne les hiérarchies sociales de classe, de genre, d’ethnie, de race et de nationalité.

Le discours universitaire concernant les photographies de famille les considère souvent comme des images remplissant des fonctions sociales et politiques qui dépassent qui dépasse la simple documentation visuelle de moments biographiques apparement agréables ou importants pour la famille [20].  Bien que leur production, que ce soit par les membres d’une famille ou par un photographe professionnel, ait été associée à une certaine innocence, elles sont aussi considérées comme une réponse pré-formatée à des pressions sociales concernant l’importance et la valeur symbolique de la famille nucléaire [21]. Marianne Hirsch, par exemple, affirme que les photographies de famille jouent un rôle majeur dans la consolidation et la sauvegarde des valeurs familiales, reliant ainsi les expériences personnelles, culturelles, sociales, historiques et idéologiques [22]. D’après elle,  à cause de la simplification du processus photographique de la fin du dix-neuvième siècle, «  l’appareil photo est devenu l’instrument familial primaire d’auto-découverte et d’auto-représentation  – le moyen primaire par lequel la mémoire de la famille se perpétue et grâce auquel l’histoire de la famille se raconte »[23]. La photographie en d’autres termes, est devenue le support principal des familles afin d’historiciser les vies, d’imaginer et d’inscrire les positions des membres de la famille dans leur cadre social et culturel et parfois d’améliorer leur statut, même si c’est juste en rêve. En bref, les photographies de famille sont utilisées efficacement pour transmettre l’idéologie constituante de la famille nucléaire aux générations futures. Une idéologie qui reflète inévitablement les structures du pouvoir qui dominent l’environnement social de toute famille nucléaire.

Représenter les demandeurs d’asile soudanais avec les conventions et le vocabulaire visuel des photographies de famille évoque alors une vision idéalisée de stabilité sociale. Cela suggère que les vies privées peuvent être dissociées du domaine politique. Ainsi, ces portraits de famille peuvent induire en erreur, l’observateur peut alors supposer que les portraits célèbrent l’invincible courage humain, quand d’autres images de la série sont plus explicitement ancrées dans l’injustice sociale,  la conquête, l’épuration ethnique et autres atrocités politiques.

Néanmoins, selon Patricia Holland, les photographies de famille ont besoin d’être vues comme des médiations représentationnelles qui, plus que jamais, reflètent les dogmes sociaux et politiques dominant les situations qu’elles illustrent [24]. Il est intéressant d’appliquer cette grille de lecture et de sonder dans l’œuvre de Shoshan la relation visuelle entre les figures qu’il représente. Le premier portrait de famille, Asylum seekers #3, montre Peter et Adora avec leurs enfants, Mamo et Amos. Peter, l’homme adulte, occupe le centre de l’image, entouré par Mamo et Amos. Adora est en retrait à l’arrière plan. Peter et Adora tiennent les mains d’Amos et Peter enlace son autre enfant, Mamo. Les deux adultes affichent le même sourire qui a été la marque de fabrique des photographies de famille, au moins depuis la première partie du vingtième siècle.

Pourtant cette apparente harmonie est troublée et sa crédibilité remise en cause par le portrait de famille suivant, Asylum seekers #2 et davantage encore par Asylum seekers #4, la dernière image de la série. Asylum seekers #2 montre Siama et Taaban avec leurs enfants Butrus et Bolis. L’homme et la femme sont assis côte à côte. Chacun tient un enfant contre lui. Alors que Siama sourit devant l’objectif et semble prête à affronter l’objectif, Taaban tourne son regard vers elle, comme si sa propre place dans le cadre dépendait de l’attitude de Siama. La pause indécise de Taaban amoindrit l’expression de joie de sa partenaire, levant un doute sur l’authenticité du sourire de Siama et rétrospectivement, sur le bonheur affiché dans le premier portrait de famille, Asylum seekers #3.

Shoshan applique la même démarche photographique franche et sans compromis dans Asylum seekers #4, lorsqu’il montre Daniel entouré de ses trois enfants, Graam, Shodhille et Taslash. Cette fois, l’objectif ne capture qu’une seule figure d’homme adulte à côté d’enfants. La famille apparaît comme incomplète, grave, personne ne sourit.  En fait, ce portrait de famille fait écho aux conventions visuelles et aux expressions faciales souvent préférées par les photographes documentaristes engagés tels que Walker Evans, Chris Killip, David Goldblatt, Mary Ellen Mark. Même si Asylum seekers #4 représente une famille, elle redéfinit notre perception du réalisme photographique de la série toute entière.

En d’autres termes, Asylum seekers #3 semble dépeindre les membres d’une famille désirant se conformer à l’idéal socio-culturel de cohésion familiale et de bien-être durable. À l’opposé,  Asylum seekers #4, la dernière photographie de la série, représente les membres d’une famille éprouvés par les difficultés morales et physiques de leurs existences. Avec son regard pénétrant, Daniel attire particulièrement l’attention sur la situation de sa famille, incapable de communiquer entièrement ce qu’elle implique. Son regard trouble, associé à la place réservée à cette image à la fin de la série suggère qu’aucune de ces trois photographies n’est un cliché de famille typique. Ces images ne peuvent être perçues comme des symboles de réussite et d’accomplissement. Au contraire, elles ont peut-être besoin d’être interprétées comme des appels involontaires à un geste humanitaire, une intervention politique et un changement radical.

Une telle lecture de ces trois portraits de famille suggère que la présence de Shoshan dans le Kibbutz Eilot en 2010 a contribué à rendre les demandeurs d’asile soudanais visibles en communiquant leurs difficultés et leurs aspirations. Les conventions des photographies de famille étant pratiquement universelles, on peut supposer que les spectateurs n’auront aucun mal à s’identifier à eux. Et parce qu’elles sont communément considérées comme de simples représentations de souvenirs biographiques dépourvues d’intention cachée, nous pouvons plonger dans les mondes que ces images représentent [25]. Nous avons beau être dans une toute autre situation que les demandeurs d’asile, les références de ces images à la vie de famille nous aident à faire le lien entre nos expériences personnelles et celles rendues publiques par les photographies.

En fait, on pourrait penser que cette série de photographies de famille sert d’introduction à une plus longue série d’images présentées dans Territoires de l’attente.  La performance des demandeurs d’asile, la visualisation et la transgression des valeurs idéologiques de la famille nucléaire nous rappelle les politiques d’exclusion qui sont la norme de tout Etat-nation. Ces images reflètent les mêmes forces politiques qui ont permis l’expulsion du peuple palestinien d’Umm esh-Shaqaf en 1948. Elles font écho aux forces politiques qui ont mené à l’occupation de la Cisjordanie, à l’éviction de nombreux Palestiniens en 1967 et aux décisions qui empêchent encore aujourd’hui les Bédouins de se déplacer librement dans l’Etat d’Israel. La dernière image de Territoires de l’attentemontre un camp d’entrainement militaire temporaire dans l’obscurité. Elle laisse entendre que Shoshan perçoit ces mêmes forces comme le fondement du processus qui prépare les soldats israéliens à supporter la pénible existence qui leur est imposée par les autorités au nom de l’État.

Les trois familles de demandeurs d’asile présentées dans Territoires de l’attente sont maintenant reparties [26]. Il n’y a plus aucun habitant d’origine soudanaise au Kibbutz Eilot. En 2012, le gouvernement israélien a informellement commencé à offrir aux demandeurs d’asile le choix entre un retour ou une incarcération [27]. Adora et Peter ont décidé de ramener Mamo et Amos au Soudan, tout comme Siama, Taaban et leurs enfants Butrus et Bolis. Daniel a refusé de quitter le pays et a été arrêté. Il a été expulsé au Soudan avec ses enfants.

 

Gil Pasternak

 

1 Refael Bashan, “The Gatekeeper of Israeli History: an Interview with Dr. Paul Abraham-Alsberg, the State Archivist,” Yedioth Ahronoth, 7 Yamim, 10.06.1983, 12–14.
2 Shlomo Nakdimon, “It is all about Politics,” Yedioth Ahronoth, 24 Shaot, 16.04.1989, 27.
3 Rami Tal, “No Topic is a Taboo for the Historian,” Yedioth Ahronoth, Shabbath, 23.12.1994, 30–31; Rami Tal, “We were Told Lies, Historical Truth was Concealed, Masked and Obscured,” Yedioth Ahronoth, Shabbath, 16.12.1994, 30–31; Dan Makman, “On History and Deceit,” Ha’aretz, 06.05.1994.

4 Idit Zertal, The Jew’s Gold: From Catastrophe to Political Power (Tel Aviv: Am Oved, 1996/Hebrew); Boaz Evron, Jewish State or Israeli Nation (Indiana: Indiana University Press, 1995); Tom Segev, The Seventh Million: The Israelis and the Holocaust (Jerusalem: Keter and Domino, 1992/Hebrew); Boaz Evron, A National Reckoning (Tel Aviv: Dvir, 1988/Hebrew); Ilan Pappe, Britain and the Arab-Israeli Conflict 1948-1951 (Basingstoke: Macmillan in association with St Antony’s College, Oxford, 1988).

5 Avi Shlaim, Collusion Across the Jordan: King Abdullah, the Zionist Movement and the Partition of Palestine (Oxford: Clarendon, 1988); Simha Flapan, The Birth of Israel: myths and realities (New York: Pantheon Books, 1987).
6 Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949 (Cambridge: Cambridge University, 1987).

7 Yehoshua Porat, “The Exile from Majdal was Carried Out Openly, a Year and a Half After the War,” Ha’aretz, 17.05.1991, 9; Emanuel Sivan, “The Refugee Problem: Was it Planned?,” Yedioth Ahronoth, Shabbath, 10.05.1991, 24.
8 Gershon Shafir, Land, Labour and the Origins of the Israeli Palestinian Conflict 1882-1914 (Cambridge: Cambridge University Press, 1989); Baruch Kimmerling, Zionism and Territory: The Socio-Territorial Dimensions of Zionist Politics (Berkeley: University of California, 1983).

9 Benedict Anderson, Imagined Communities: Reflections on the origin and spread of nationalism (London: Verso, 1983); Ernest Gellner, Nations and Nationalism (Oxford: Blackwell, 1983); Eric Hobsbawm and Terence Ranger, ed. The Invention of Tradition (Cambridge: Cambridge University Press, 1983); Edward Said, Orientalism (London: Routledge and Kegan Paul, 1978).

10 Yael Zerubavel, “Battle, Sacrifice, Victim: Changes in the Ideology of Patriotic Sacrifice in Israel,” in Avner Ben-Amos and Daniel Bar-Tal, ed. Patriotism: Homeland Love (Tel Aviv: Dionon, 2004/Hebrew), 61–99.
11 Orly Azoulay, “Seven Protest Movements Call the Government: ‘Bring the Boys Back Home’,” Yedioth Ahronoth, Shabbath, 03.06.1983, 10; Lily Galili, “Various forms of protests,” Ha’aretz, 03.06.1983, 15; Zvi Zinger, “Reservists: ‘Do Not Send Us to Lebanon’,” Yedioth Ahronoth, Coteret, 14.07.1982, 4.

12 Intifada is an Arabic word translated as “shaking off”. It refers to the Palestinian popular uprising against the Israeli occupation of the West Bank, the Gaza Strip and East Jerusalem that began on 9 December 1987 and lasted until 1993. A second wave of Palestinian popular revolt was commenced in September 2000. Officially, this recent Intifada never ended. See, Ilan Pappe, A History of Modern Palestine: One Land, Two People (Cambridge: Cambridge University Press, Second Edition, 2006), 230–235 and 275–277.

13 Tuvia Friling, ed. The Hebrew Version: An Answer to a Post-Zionist Colleague (Tel Aviv: Yedioth Ahronot Publication – Hemed Books, 2003/Hebrew); Shlomo Sharan, ed. and Mediniyut Merkaz Ari’el le-mehkare,

Israel and the Post-Zionists: A Nation at Risk (Brighton: Sussex Academic, 2003); Ephraim Karsh, Fabricating Israeli History: The New Historians (Tel Aviv: ha’kibuttz ha’meuhad, 1999/Hebrew); Yehiam Weitz, ed. Between Vision and Revision: One Hundred Years of Zionist Historiography (Jerusalem: Zalman Shazar Centre, 1997/Hebrew).

14 For a further discussion of post-Zionist literature see, Shlomo Sand, Historians, Time and Imagination: From the “Annales” School to the Postzionist Assassin (Tel Aviv: Am Oved, 2004/Hebrew); Laurence J. Silberstein, The Postzionism Debates: Knowing and Power in Israeli Culture (New York: Routledge, 1999).
15 Telem Yahav, “How Did 60,000 Asylum Seekers Arrive Here – and What is the State of Israel Planning to Do About This,” Yedioth Ahronoth, 22.05.2012, 2.

16 Merav Batito and Zadok Yechezkeli, “South Africa,” Yedioth Ahronoth, 7 Yamim, 02.07.2010, 18–22.
17 Assaf Shoshan, interview with author, 30 November 2012.
18 Ibid.
19 Deborah Chambers, Representing the Family (London: Thousand Oaks: New Delhi: Sage Publications, 2001); Pauline Boss et al, ed. Sourcesbook of Family Theories and Methods: A Contextual Approach (New York: Plenum Press, 1993); Sneja Gunew and Anna Yeatman, ed. Feminist Knowledge: Critique and Construct (New York: Routledge, 1993); Rosemarie Tong, Feminist Thought: A Comprehensive Introduction (Boulder, Colorado: Westview Press, 1989); Max Horkheimer and Theodor Adorno, Dialectic of Enlightenment, trans. John Cumming (New York: Continuum, 1987); Gilles Deleuze and Félix Guattari, Anti-Oedipus: Capitalism and Schizophrenia, trans. Robert Hurley, Mark Seem and Helen R. Lane (Minneapolis: University of Minnesota Press, 1983); Max Horkheimer, “The End of Reason,” in Andrew Arato and Eike Gebhardt, The Essential Frankfurt School Reader (New York: Continuum, 1982), 26-48; Friedrich Engels, The Origin of the Family, Private Property and the State in the Light of the Researches of Lewis H. Morgan (New York: International Publishers, 1972); Herbert Marcuse, One Dimensional Man (London: Routledge, 1964); Herbert Marcuse, Eros and Civilization: A Philosophical Inquiry into Freud (London: Routledge and Kegan Paul, 1956); Erich Fromm, The Sane Society (New York: Rinehart, 1955).

20 Marianne Hirsch, Family Frames: Photography, Narrative and Postmemory, (Harvard: Harvard University Press, 1997); Barry King, “Photo-Consumerism and Mnemonic Labor: Capturing the ‘Kodak Moment’,” Afterimage 21:2 (1993), 9–13; Don Slater, “Consuming Kodak,” in Family Snaps: The Meanings of Domestic Photography, ed. Jo Spence and Patricia Holland (London: Virago Press Limited, 1991), 49–59.

21 Patricia Holland, “Introduction: History, Memory and the Family Album,” in Family Snaps, 1–14; Walter Benjamin, “A Small History of Photography,” in One-Way Street and Other Writings, trans. Edmund Jephcott & Kingsley Shorter (1931, reprint London, Verso, 1985), 240–257, 246–247.
22 Marianne Hirsch, “Introduction: Familial Looking,” in The Familial Gaze, ed. Marianne Hirsch (Hanover: University Press of New England, 1999), xi–xxv.

23 Ibid., xvi.
24 Holland, “Introduction: History, Memory and the Family Album”
25 Hirsch, ed. The Familial Gaze; Annette Kuhn, Family Secrets: Acts of Memory and Imagination (London: Verso, 1995).
26 Assaf Shoshan, interview with author, 25 December 2012.
27 Itamar Eichner, “Chagai Hadas’ African delegation,” Yedioth Ahronoth, 25.12.2012, 10.